L’homme aux yeux tombants de T’annu
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Haida

L’homme aux yeux
tombants de T’annu

Ce poteau frontal de maison de T’annu raconte l’histoire d’un chef marin haïda mythique dont les yeux tombaient à chaque nuit.

Plusieurs figures sur des poteaux font référence à des histoires d’êtres surnaturels ou des rencontres avec ceux-ci. Des histoires de ce type, comme celle du poteau aux « yeux tombants » de T’annu Llnagaay font partie de la culture vivante haïda, qui raconte les relations profondes entre les mondes humain et naturel.

Nous connaissons souvent d’où proviennent et à quelle tribu sont rattachés les totems, mais quelle signification les animaux et les personnes représentés dans le cèdre portent-ils avec eux ?

Cependant, les histoires qu’illustrent les poteaux ne sont pas toujours faciles à interpréter qu’en les regardant. Jaalen Edenshaw, un sculpteur haïda contemporain, explique :

La façon dont elle est représentée dépend de ce qui se passe dans l’histoire. Il peut y avoir de petits ‘indices’ dans les personnages qui déclenchent des souvenirs de l’histoire, mais pas nécessairement. Il faut avoir assisté à un festin pour savoir quelle histoire un Aigle (sur un poteau) raconte, et un Aigle sur le prochain poteau raconte une histoire différente. Il faut avoir assisté à la cérémonie d’érection du poteau et avoir entendu ces histoires, et là tu peux associer ce poteau et cette figure à cette histoire. 

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Une carte montrant l'emplacement du territoire Haïda : une île au large de la côte ouest de la Colombie-Britannique. appelé Haïda Gwaii

DESCENDRE

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Jaaleen Edenshaw

Entrevue

Jaaleen Edenshaw

Jaaleen Edenshaw, du clan Joth à Masset, sculpte des totems depuis plus de 20 ans. Travaillant maintenant sur ses propres créations après des années de pratique et de recherches, Jaeleen relie les totems aux histoires et aux personnes derrière eux.

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VOYAGE

Origines

Ce poteau était debout devant la Maison qui fait un bruit, une demeure à T’annu Llnagaay (ville zostère, aussi appelé Tanu) sur l’Île Tanu dans la baie Laskeek. La maison et le poteau appartenait à Gwiskunas, de la lignée de Ceux nés à la crique Qadasgo, de la division Corbeau des Haïda. À une époque, il y avait entre 25 et 40 maisons longues à T’annu Llnagaay, avec 31 poteaux mortuaires et 15 maisons mortuaires.

Ce poteau est souvent appelé le poteau aux « yeux tombant ». L’artiste Emily Carr croyait que la figure principale faisait référence à une femme qui pleure parce que ces yeux tombants lui rappelaient des larmes. Néanmoins, il représente le Chef de la Mer, à qui les yeux tombaient de leur orbite et pendaient à sa taille la nuit. Au moment des repas, ses amis remettaient ses yeux dans leur cavité, les y maintenaient, et supportaient ses paupières afin qu’il puisse voir pour manger.

Le Chef de la Mer se nourrissait principalement de phoque velu, qu’il devait avaler tout entier car il n’avait pas de dents. Après quelques heures, il recrachait avec force les os non-digérés. Il est montré avec des yeux pendants, qui prennent la forme de petites figures humaines. Sur son torse se trouve l’image d’une grenouille. Au-dessus de son front, un phoque velu est représenté. Le visage en forme de faucon entre des griffes, tout en haut de cette section, fait partie d'une image d'oiseau qui appartient à la section supérieure du poteau.

La figure en haut du poteau est un groupe de trois gardiens portant des chapeaux de cèdre, une caractéristique des poteaux haïda, bien que d’autres ont les bords moins larges. Les figures regardent vers la mer et, d’après les histoires haïda, sonnent l’alarme si un ennemi approche. Des chapeaux très grands indiquent leur haut statut. 

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Vue de la plage, des maisons du village et des poteaux.

Vue du centre de T’annu Llnagaay en 1897 avec le poteau aux « yeux tombant » à gauche. Photo de Charles F. Newcombe. PN 5652.

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Maisons du village et poteaux frontaux de maison.

Le poteau est le deuxième à partir de la gauche dans cette photo prise en 1901. Photo de Charles F. Newcombe. PN 104.

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Vue de la plage, des poteaux et des maisons.

Cette photo a été prise lors de la visite d’Emily Carr à T’annu Llnagaay, probablement en 1912. Le poteau qu’elle a surnommé « le poteau qui pleure » est sur la gauche. PN 5542.

Sous les gardiens se trouvent un aigle, le blason de la femme du propriétaire de la maison, avec la figure d’un faucon ou d’un hibou entre ses ailes. En dessous se trouve un phoque velu, puis la figure principale - le Chef de la Mer - avec une grenouille sur la poitrine. Ensuite on retrouve une orque avec une figure humaine tenant sa queue et sa nageoire dorsale entre les genoux d’une autre figure ; celles-ci font référence à l’histoire de Nanasimgut, dont la femme a été enlevée par une orque. En bas se trouve un ours de mer avalant un mammifère marin, dont les nageoires dépassent du côté de la bouche de la baleine. De petits animaux regardent depuis les oreilles de l’ours de mer.

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Aquarelle d’un poteau debout devant de la verdure.

L’aquarelle du poteau par Emily Carr, 1912. PDP02313. La toile à la peinture à l’huile du poteau, The Crying Totem, de Carr est dans la collection de la Galerie d’art de Vancouver.

 
 

VOYAGE

Retraits

En 1954, par un accord avec le Comité de préservation des totems, le poteau aux Yeux tombants a été acheté, retiré du sol, et découpé en sections pour être déplacé de T’annu Llnagaay. En 1966, les sculpteurs Kwagu’ł Henry Hunt et son fils Tony Hunt ont sculpté une réplique du poteau entier, travaillant avec les parties du poteau qui sont allées au Musée royal de la Colombie-Britannique et aussi avec d’anciennes photos du poteau en entier lorsqu’il était à T’annu Llnagaay.

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Vue du poteau debout parmi les arbres.

Le poteau était toujours debout quand le Comité de préservation des totems s’est rendu à T’annu Llnagaay pour récupérer les poteaux restants. Photo de Wilson Duff. PN 5749.

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Homme debout, près de et touchant la portion du bas d’un poteau.

Wilson Duff, conservateur d’anthropologie au Musée provincial (aujourd’hui le Musée royal) et membre du Comité de préservation des totems examine les poteaux lors de l’opération de récupération en 1954 à T’annu Llnagaay. PN 5754.

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Gros plan de la section du milieu du poteau penché parmi les arbres.

Gros plan du poteau in situ à T’annu Llnagaay. Photo de Wilson Duff, 1954. PN 5755.

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Le poteau, supporté par une corde, penche et s’appuie lourdement sur un arbre.

Le poteau en train d’être abaissé en préparation pour son retrait. Photo de Wilson Duff, 1954. PN 5746.

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Poteau couché au sol sur quelques poutres.

Le poteau au sol est préparé pour le transport. Photo de Wilson Duff, 1954. PN 5753

 
 

VOYAGE

Aujourd’hui

Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose à T’annu Llnagaay, mais l’esprit du lieu est toujours fort. Les dépressions des maisons dans le sol et les poteaux tombés et recouverts de mousse donnent un bon aperçu de la disposition du village. T’annu Llnagaay fait partie du Site du patrimoine haïda, mais pas de la Réserve de parc national Gwaii Haanas ni de la Réserve de l’Aire marine nationale de conservation.

Deux représentations du poteau aux Yeux tombants sont exposées au Musée royal de la Colombie-Britannique - une section du poteau original avec la figure du Chef de la Mer et une réplique du poteau en entier.

 

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Mât haïda sculpté dans la collection du musée.

Cette section du poteau est exposée derrière une vitrine à l’entrée est du Musée royal de la Colombie-Britannique.

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Fragment d’une portion de l’œil d’une figure sculptée d’un poteau.

Un fragment du poteau de T'anuu Llnagaay est entreposé au Musée royal de la Colombie-Britannique.

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Dessin en crayon avec dimensions d’une portion du poteau réalisé par John Smyly.

Le technicien de musée John Smyly a étiqueté ses dessins du poteau le « Poteau pleurant. » 

Le poteau et des détails de la sculpture dessinés par John Smyly, qui a restauré la section du poteau qui est aujourd’hui au Musée.

Connexions

En rapport sculptures

Communauté

Première histoire des poteaux

Première histoire des poteau

Chaque poteau Haida a sa propre histoire mais il y a une histoire de l'origine de tous les poteaux Haida

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Dessin de nombreuses personnes d'un village.

Il y en avait beaucoup au village de Git̓anḵ'a.

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Dessin d'un homme et d'une femme en canoë près d'une plage.

Et ils sont allés à Daal ḵaahlii.

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Dessin de quatre personnes dans un canoë devant des maisons avec des poteaux totémiques.

Ils l'ont regardée pendant un long moment. Et ils l'ont mémorisée.

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Dessin d'un homme et d'une femme en canoë près d'une plage.

Quand ils ont fini de le mémoriser, ils sont partis.

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Dessin de deux hommes sculptant un poteau sur le sol.

Les gens ont commencé à les sculpter peu après.

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Dessin d'un homme habillé en oiseau-tonnerre, d'un tambour et de plusieurs hommes dans un canoë.

De là, à l'approche de l'automne, ils sont allés chercher de la nourriture à Nee Kun dans deux grands canoës. Ils ont fait un voyage de cueillette de baies.

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Dessin d'un homme sur la plage tenant sa main en l'air avec le soleil en arrière-plan.

C'était très calme. Et il y avait aussi beaucoup de soleil.

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Dessin d'un homme habillé en oiseau-tonnerre, d'un tambour et de plusieurs hommes dans un canoë.

Et quand ils ont fini de ramasser des baies, ils sont rentrés chez eux en canoë.

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Dessin de nombreuses personnes d'un village.

Et quand ils sont arrivés à Tl'uu sḵans (le carré de pommetiers au bout de la limite des arbres à Née Kún), ils en ont parlé.

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Dessin d'un homme et d'une femme pointant dans un canoë.

Et pendant qu'elle se reposait après avoir pagayé, cette femme regardait dans l'eau. Et alors qu'elle regardait dans l'eau, elle a vu quelque chose qui était sculpté, une longue forme en forme de rondin.

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Dessin d'une image sculptée.

C'était une image sculptée.

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Dessin de trois personnes devant une plage et de l'eau.

« Nous ferons des copies des sculptures sur la maison du chef » , ont dit certains d'entre eux.

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Dessin d'un groupe de personnes élevant un totem.

Ils commencent à soulever le poteau.